C'est sur ce mamelon que M. Caunes, instituteur de Payra, me fit visiter, il y a quelques années, un travail de terrassement qui devait, me dit-il, remonter bien loin dans le passé. En effet, dans 1 ensemble de ce travail ont poussé des chênes plusieurs fois centenaires.
« Sur cette colline isolée, marquée 305 sur la carte d'Etat-Major, il existe une Motte.
« Le poste est bien choisi, comme nous l'avons déjà dit, à la bifurcation de deux plaines et, par son élévation à côté des terrains environnants, il domine tout le pays. La nature du terrain est du Bartoniéll, vulgairement dénommé molasse de Castelnaudary.
« D'après le plan cadastral il se nomme « Pech Donnadieu » que les habitants ont converti en Pech de Nadieu.
« Il est considéré comme un fort de l'époque féodale ou des guerres de religion, et aurait, dit on, correspondu avec une position fortifiée voisine : Payranel (ou petit Payra); cette dernière est une ferme où l'on voit encore d'épaisses murailles ayant pu servir de défense.
« Le Pech de Nadieu ou plutôt la Motte qui le termine, ne porte aucun vestige de construction en pierres. C'est un rectangle assez régulier ayant 16 mètres de côté dépassant le sol environnant de 2 mètres ; la Motte est. entourée d'un fossé qui a les dimensions suivantes : largeur du fosse au bord supérieur : 13 mètres ; au fond 2 mètres ; profondeur du fossé par rapport à l'arête de la butte, 5 mètres ; par rapport au terrain extérieur, 3 mètres.
« C'est à 300 mètres environ que se trouve le souterrain-refuge que je signalais en 1906. Il est orienté N.-S.; son entrée est par un escalier à l'ouest, qui donne accès dans la première salle que je qualifie d'antigrotte étant donné ses dimensions. Au pied et au milieu de la paroi de droite était une excavation qui contenait encore quelques cendres mêlées de terre et dans lesquelles je recueillis des tessons de poterie micacée.
« A l'entrée et au pied de l'escalier était une feuillure où devaient s'encastrer une ou plusieurs dalles servant à la fermeture du'couloir.
Cette salle mesure 3 mètres sur 1 m. 40 et la hauteur de voûte eu cintre surbaissé est de 2 m. 40.
« En face de l'entrée et au milieu de la paroi formant le fond est pratiqué un couloir mesurant 65 centimètres de largeur et 1'" 60 de hauteur, long de 1 m. 40 ; à cette distance, il se bifurque à droite et à gauche, donnant accès du côté droit à une salle très bien conservée qui mesure 4 mètres sur b mètres ; dans la voûte qui s'élève à 2 m. 40 sont pratiqués deux trous cylindriques de 10 à 15 centimètres de diamètre, ils arrivent à la surface du sol extérieur ; ils devaient sans nul doute servir à l'aération de la salle. Le couloir de gauche, de 2 m. 05 de long, conduit dans une troisième salle de 4 mètres sur 4 mètres, toujours de la même hauteur, la voûte n'est ici percce que d'un seul trou d'aération. Un couloir de 70 centimètres de long fait communiquer la troisième salle avec la quatrième et dernière qui a les mêmes dimensions que la précédente. Au milieu. de la paroi du fond est pratiqué un deuxième escalier qui fait communiquer cette dernière salle avec l'extérieur.
« Je dois, avant d'aller plus loin, signaler une particularité singulière : au point où le couloir qui fait communiquer l'anti-grotte avec la salle 2 et 3 se bifurque, on avait voulu le pousser plus avant et en ligne droite, mais la roche étant en ce point devenue beaucoup plus dure, le travail d'excavation fut arrêté à une très faible profondeur
« Ces salles sont creusées dans la molasse, espèce de grès très facile à travailler, mais cependant assez consistant, puisque les voûtes surbaissées supportent près de 1 m. 50 à 2 mètres de terrain au-dessus d'elles.
« M. Caunes y a recueilli une hache celtique ainsi qu'un énorme percuteur. De toutes ces trouvailles j'ai déduit que cette grotte a été creusée à l'époque préhistorique. Le ravalement des parois des quatre salles a été fait avec le plus grand soin ; les coups donnés probablement avec la hache ou le percuteur sont très réguliers. Les couloirs sont bien percés et d'un facile accès, bien défendables en cas, de surprise d'un ennemi. Les entrées et les trous d'aération étaient très bien dissimulés, rien à l'extérieur ne dénonçait l'existence de ce grand travail souterrain.
« Il me semble que ce furent les mêmes ouvriers qui creusèrent la grotte et qui construisirent la motte. Vu la faible distance qui les sépare, la motte devait servir de camp retranché et la grotte de refuge ou d'habitation ».